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Bienvenue à la Croix-Bleue !

Sur le petit écran, nous étions des héros sans peur et sans reproches, des aventuriers dotés d'aptitudes extraordinaires... C'était cela l'important pour le public, la raison pour laquelle il nous admirait. Mais hors des projecteurs, nous étions simplement des hommes... avec nos fêlures, notre besoin d'une une vie *normale*, notre envie de fonder une famille. Tout -et plus encore- ce que nous a apporté la *Croix-Bleue*, et qu'on aimerait partager avec vous.

*Maman... tu peux venir avec Papa... s'il te plaît...* (MarIe)

Publié le 30 Août 2011 par MarIe in Karim

Aucune maman ne devrait avoir à endurer cela... La voix brisée de son fils appelant à l'aide au téléphone, les sanglots empêchant de prononcer un mot de plus, même pas un semblant d'explication...

C'est à 16h24 que notre vie s'est arrêtée... Que l'angoisse a pris possession de la maison alors qu'au bord de la panique, craignant pour la santé d'Alicia, je sautais dans la voiture pour aller chercher mon Ibrahim, tout aussi inquiet, à son bureau.

Grégoire et Alicia nous attendaient chez eux. Assis sur le divan, serrés l'un contre l'autre, les larmes roulant sur leurs joues... C'est Nathalie -la maman d'Alicia- qui est venue nous ouvrir, le visage décomposé, le mouchoir au bord des paupières.

C'est en silence qu'on est entrés au salon, et que notre grand fils s'est levé pour s'écrouler en pleurs dans nos bras. Longtemps il a inondé nos chemises, alors que sa fiancée se reposait sur l'épaule de son père.

Les pires pensées nous ont animés, en voyant la désolation de tous, mais nous étions bien en deçà d'imaginer la vérité...

Réalité que Grégoire et Alicia ont raconté avec peine, en se tenant les mains pour se donner du courage.

 

Ce 29 août avait pourtant commencé magnifiquement. Alicia est allée sans soucis au contrôle chez son gynécologue, pour la 2e échographie.

Tout allait bien, le médecin promenait le *pinceau* sur le ventre déjà prohéminent en détaillant tout ce qu'il voyait, jusqu'à ce que discrètement, il commence à poser des questions concernant les renseignements du dossier, si *le papa du bébé* était impliqué dans la grossesse... si Al avait connaissance de fausses couches ou autres avortements dans la famille...

Au bout d'un moment, il a sorti un papier pour qu'elle essuie le gel, et lui a dit que, comme c'était sa première grossesse, il allait demander à sa secrétaire d'installer un monitoring pour la laisser en tête à tête avec son bébé.

En fait, il a fait patienter notre belle-fille, le temps d'envoyer une copie de l'échographie à un collègue radiologue de l'hôpital, et de téléphoner à Grégoire pour lui demander de le rejoindre.

Une fois les deux réunis dans la salle d'auscultation, le médecin est revenu auprès d'eux, et a recommencé l'examen. Il s'est arrêté sur les petites jambes pour annoncer avec délicatesse qu'en voyant leur position, il y avait de fortes chances que leur bébé ait des pieds bots.

Sous le choc est un euphémisme pour décrire l'état de nos enfants à la fin de cette déclaration... mais ce n'était rien face à ce qui les attendait après.

Avec plus de tact encore, le gyné a promené son pinceau sur le petit corps, pour pointer une tache dans le bas du dos... qui lui faisait penser à une absence de fermeture de la colonne vertébrale.

Le radiologue à qui il avait transmis les premiers clichés est du même avis, c'est pourquoi il n'a laissé que peu d'espoir aux futurs parents.

Leur enfant, notre petit-fils (parce que oui, c'est un garçon, mais cela a-t-il encore une importance ?) serait atteint de

SPINA BIFIDA

Une malformation congénitale qui se produit durant le premier mois de grossesse, avant même que la mère s'aperçoive de son état...

D'horribles noms ont été prononcés pour parler des conséquences de cette malformation : paralysie, incontinence, hydrocéphalie, retard mental... autant de poignards enfoncés dans nos coeurs, dans une douleur décuplée par la détresse de nos enfants...

Toute la soirée, et jusqu'à tard dans la nuit, nous sommes restés auprès d'eux, tentant bien maladroitement de les entourer de notre mieux, de les aider à surmonter le choc de cette annonce, et de leur montrer que le monde n'a pas cessé de tourner (même si quelque part au fond de nous, nous n'en sommes pas si sûrs)...

Jusqu'à 3h00 du matin, où à bout de larmes et de forces, nos deux petits bébés nous ont demandé de les laisser se retrouver entre eux... 

Comment dormir après ce coup de massue ? Comment faire autrement que d'user nos yeux sur l'écran de l'ordinateur, à chercher des raisons d'espérer un avenir pour ce petit être que nous aimons déjà si fort ?

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