Sam Casey

Hé, Terry, t'as oublié de parler de tes pigeons ! C'est important, pourtant, de dire que tu as le plus bel élevage de la région, et que tu es le vice-président de la société colombophile du coin ! T'es trop modeste, mon vieux, il faut pas être gêné d'avouer la vérité...

Ben tant pis pour toi, je l'ai dit. Et maintenant, je vais parler de moi :

                                              Sam Casey



Voyons, comment faire pour être un peu original ? Oh, je ne trouve pas, alors allons-y platement.

Si je fais le bilan, mon existence a eu trois périodes :

La première (dont je préfère ne rien dire) s'est terminée avec l'entrée à l'armée, en route pour le Viet-Nam. Ouais, les jeunes, j'ai fait cette sale guerre ! Et j'en suis revenu pacifiste à fond.

On peut avoir vu tous les films là-dessus, aucun, pas même les plus violents et les plus sanguinaires, ne peut laisser imaginer de ce qu'était cette boucherie. Encore maintenant, il arrive que ça m'empêche de dormir. Même Rudy, avec toute sa science et ses études psy, ne peut rien faire contre ces souvenirs qui viennent me réveiller en pleine nuit... Et encore, si y'avait eu un retour glorieux... mais non, on a débarqué sous les huées des hippies et la réprobation des vieux persuadés que de leur temps, ils auraient réussi à gagner cette foutue guerre.

Mais bon, il y a quand même eu un point positif, c'est là-bas que j'ai appris à piloter des hélicoptères, ce qui m'a été bien utile plus tard. Mais le prix des cours a été lourd, vous pouvez me croire !

Bon, tournons la page... Chapitre suivant : *l'accident*.

En fait je ne sais pas si une bombe qui t'explose en pleine face peut être appelé un *accident*... Mais c'est vrai que c'est les risques du métier, quand on travaille pour le gouvernement, il peut arriver ce genre de *désagrément*.

Donc, je me suis retrouvé invisible... avec de fortes chances de m'évaporer définitivement. C'est là que j'ai apprécié que les honnêtes citoyens de ce pays paient leurs impots régulièrement ! Grâce à leur esprit civique, les scientifiques ont pu se pencher sur mon petit problème, et surtout ils ont pu le résoudre !

Une montre d'apparence toute bête, munie d'un simple capteur magique, et voici que j'ai retrouvé ma vieille amie mon ombre ! Et n'oublions pas l'avancement subit dans la hiérarchie... Ben oui, avec une particularité pareille, il aurait été un peu bizarre que je n'aie pas le code de sécurité me permettant de connaître mon nouveau statut !

Et pour terminer, l'épilogue :

Le cours de mon travail m'a amené à croiser la route de Steve et de Marc à quelques reprises. Rien de tel qu'un risque couru ensemble pour tisser des liens d'amitié solides... Sans parler des contacts réguliers avec Terry...

Regrouper nos forces, nous entraider mutuellement, est venu tout naturellement. Si naturellement que j'ai eu aucune hésitation à emménager au ranch, puis après à la Croix-Bleue.

En fait, ça tombait bien. Non pas que je me sentais seul, ou que je me faisais vieux (23 ans, c'était pas croulant quand même). Quoi que, peut-être que c'était l'explication cachée derrière la principale. Simplement, Léonard, le patron d'Intersect, l'agence pour laquelle je bossais, profitait en plein de mes *pouvoirs*. Et j'en usais à fond. Tant et si bien que je commençais à avoir des douleurs dans le bras quand je me faisais *porter pâle*. C'était de plus en plus gênant...

Mais la vie au grand air, le boulot de représentant en produits et aliments destinés à l'agriculture, puis une reconversion dans le guide touristique ont fait que je ne *disparaissais* plus aussi souvent... et ça c'est apaisé.

Alors voilà... Au risque de répéter ce que les autres ont déjà dit, et même si mon caractère de cochon m'a fait pousser mon coup de gueule plus souvent qu'à mon tour, je remercie chaque jour le Ciel d'avoir atterri dans ce coin paumé...

Comme disait Gabin, je ne sais pas grand chose, mais s'il y a une chose que je sais, c'est que si je n'avais pas eu tous ceux de l'équipe, je ne serais plus là depuis bien longtemps. J'ai eu souvent la tentation de presser sur le bouton de ma montre, et d'attendre. Qu'est-ce que 15 minutes avant de s'évaporer définitivement ?

Qu'est-ce qui m'a retenu ? 

Simplement le fait de devoir réussir à retirer la montre d'Oscar et de MarIe, qui sont branchées sur la mienne, pour éviter qu'ils n'ameutent les autres pour me retrouver...