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Bienvenue à la Croix-Bleue !

Sur le petit écran, nous étions des héros sans peur et sans reproches, des aventuriers dotés d'aptitudes extraordinaires... C'était cela l'important pour le public, la raison pour laquelle il nous admirait. Mais hors des projecteurs, nous étions simplement des hommes... avec nos fêlures, notre besoin d'une une vie *normale*, notre envie de fonder une famille. Tout -et plus encore- ce que nous a apporté la *Croix-Bleue*, et qu'on aimerait partager avec vous.

Gloria, notre miracle. (Marianne)

Publié le 15 Février 2011 par Marianne in Gloria

Gloria, ma chérie

BON ANNIVERSAIRE !

Déjà 21 ans que tu illumines nos vies de ton sourire et de ta gentillesse !

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Il y a quelque temps déjà que je pensais profiter de l'occasion pour raconter le miracle qu'a été ta naissance... Qui pouvait alors penser que ce jour si spécial pour toi, serait le dernier de Grand-Maman ?

Avec tout ça, personne -et toi en premier- n'avait le coeur à faire la grande fête... Mais cet article ébauché me tient à coeur. Aussi, bien que l'humeur ne soit pas aux réjouissances, je vais partager avec ceux qui le veulent bien, le plus grand bonheur de ma vie...


Le jour de notre mariage, Yvan et moi étions si heureux ! Nous avions enfin notre couple, nous portions le même nom... On n'avait aucune doute sur le fait d'être rapidement comme Davy et Polly, comme Wata et Pocahontas, comme Ibrahim et MarIe qui venaient de mettre leur second en route... 

On avait fait des projets d'avenir... Régulièrement on parlait de notre famille... Yvan voulait 4 enfants... moi je ne voulais pas dépasser les 2...

Malgré tout notre amour, c'est allé long. Très long... jusqu'à ce qu'un jour, 8 mois après notre mariage, j'aie eu pour la première fois *du retard*. Nous avons eu à peine le temps de nous réjouir avant que je fasse ma première fausse-couche. Heureusement l'annonce à tout le monde n'avait pas encore été faite, et on a préféré taire cet épisode, surtout que tout le monde était en train de s'extasier sur le premier sourire de Rémi.

Après trois autres fausses joies de ce genre, les examens ont commencé... et il n'a pas fallu longtemps pour que le verdict tombe : le problème venait de moi, ou plutôt d'une cloison dans mon utérus. Le gyné a mis tout de suite les choses au point, en expliquant que les chances de tomber enceinte étaient très très faibles, et qu'il serait encore plus difficile de mener une grossesse à son terme.

Comment ne pas devenir folle de douleur ? Comment ne pas devenir folle de jalousie, en vivant quotidiennement auprès des enfants des autres ?

Moi, j'ai déraillé. Surtout qu'Yvan et moi, on avait décidé de ne parler de nos problèmes à personne. La simple vue d'Abel et Roberto était devenue un véritable calvaire ! Ils n'en pouvaient rien, mais leur histoire me sautait à la gueule chaque fois que je les entendais rire, qu'il faisaient des calins à MarIe... alors que moi j'étais là, avec ce besoin d'avoir un bébé bien à moi, qui ressemblerait à mon Yvan. Je me suis mise à haïr les petits, rien que parce que leurs parents n'en n'avaient pas voulu... 

Est-ce que vous pourrez un jour me pardonner tout le mal que je vous ai fait, les garçons? Toutes les horreurs que je vous ai dites, alors que vous n'étiez que deux petits bouts d'homme qui ne méritaient de loin pas tant de haine ? Comme je l'ai souvent dit à qui voulait l'entendre, vous étiez trop parfaits... Vous étiez l'image même des enfants que j'aurais voulu avoir...

C'est allé loin. Très très loin. Jusqu'à ce que je prononce les paroles de trop, que le *fils de p....* sorte pour des broutilles, une impertinence mineure. Ma joue porte encore la cicatrice de la morsure que je me suis faite, quand MarIe m'a envoyé un direct du droit en guise de réponse. 

L'explication a été houleuse. Et comme toujours, Yvan a été pris en tenaille entre tous... Il y a eu des cris, des larmes, des portes claquées... Tous ligués pour défendre les garçons, les hommes ont menacé de nous demander de quitter la maison... 

La nuit a été terrible. Comme les autres, Yvan s'est mis du côté des petits. Pour la première fois, il a eu des mots d'une dureté incroyable, il s'est dit prêt à tirer un trait sur notre couple, même s'il risquait d'en crever, si je n'essayais pas de voir les petits d'une autre façon...

Tout le monde se préoccupait des enfants, d'Yvan qui n'en menait vraiment pas large. Mais personne n'a songé à venir me demander ce que j'avais. J'ai dû me débrouiller toute seule face aux autres... 

Tout déballer a été la seule solution. Sortir l'image de l'échographie au petit déjeuner. Parler de toutes les fausses-couches, des attentes chaque fois déçues, des nuits blanches passées à pleurer... des coups de poignard dans le coeur à chaque fois qu'une voix d'enfant retentit...

Je voulais simplement expliquer. Je n'attendait pas de pardon. C'était mon adieu avant de téléphoner à mes parents, pour leur dire qu'ils avaient raison, que notre mariage n'avait pas tenu...

Mais la nuit avait porté conseil à tous. C'est Abel qui a commencé, poussé par Oscar, en venant s'excuser de m'avoir mal parlé. Puis MarIe m'a apporté un yoghurt, ce qui était une façon comme une autre de montrer son regret pour le coup de poing... Et Sam s'est levé pour parler au nom de tous, et me demander de rester...

Et le lendemain, MarIe et Ibrahim sont arrivés avec une proposition d'une générosité incroyable. La main dans la main, tout intimidés, ils sont venus dans notre chambre pour proposer de nous prêter le nid où s'étaient développés leurs garçons si parfaits !

Oui. Eux aussi ont fait des sacrifices. Ils ont fait absolument tout ce qu'il fallait pour accueillir notre trésor le plus précieux. Deux fois, ils ont dû suivre le protocole, avec toutes les précautions à prendre... après une malencontreuse chute dans l'escalier.

MarIe a joué le jeu jusqu'au bout. Elle m'a non seulement prêté son corps, mais elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que notre Gloria nous connaisse comme ses parents depuis le début. Chaque matin, c'est moi qui lui adressais son premier bonjour. Autant Yvan que moi avons passé des heures entières à faire de l'haptonomie...

Et enfin le 10 février 1990, tu es arrivée notre Gloria si parfaite ! Tu es venue combler notre couple, donner un sens à notre existence, concrétiser notre amour !

Bien sûr, la blessure de mon *défaut de fabrication* reste vive, et les relations entre les petits et moi ne seront jamais une mer d'huile. Nous avons quand même fini par quitter la Croix-Bleue, mais l'éloignement a été volontaire, s'est fait en douceur, et on sait tous les trois que la porte est toujours ouverte, qu'on fait partie de l'équipe... Une équipe formidable à qui chaque jour qui passe nous disons simplement :

MERCI

 

Commenter cet article
M
<br /> Qui parle de sacrifice, alors que c'est vous qui m'avez fait le plus beau des cadeaux, en m'accordant l'immense bonheur d'abriter votre bien le plus précieux ?<br /> <br /> Au contraire, ce 9 mois ont été une bénédiction...<br /> <br /> L'occasion unique d'équilibrer la balance, de relier cette grossesse au berceau vide, à ces deux anges tombés du ciel pour nous apporter le bonheur.<br /> <br /> Depuis ce 10 février l990, mon corps porte la trace de 4 grossesses ; les 4 que j'aurais eues si j'avais eu l'incommensurable bonheur d'être réellement la mère d'Abel et Roberto.<br /> <br /> Et pour cela, je vous serai éternellement reconnaissante, Yvan et Marianne !<br /> <br /> <br />
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