C'est un fait, MarIe et moi, on s'était promis de ne pas embêter les jeunes. Ce dont on a le moins envie, c'est être des beaux-parents intrusifs, de ceux qu'on a tellement vus et entendus qu'on les voit arriver avec une grimace, quand on ne se planque pas derrière la porte en attendant qu'ils se lassent de sonner et repartent d'où ils viennent...
Inutile de dire qu'on a dû lutter pour garder ces bonnes résolutions, quand le spina de leur petit ange a été découvert ! Mais on a tenu bon. On a ouvert notre porte et nos bras, et attendu que Grégoire ou Alicia viennent y déposer leur fardeau...
... jusqu'à vendredi, et le message de notre fils. Là, c'en a été trop. On ne pouvait pas laisser nos gamins affronter ça tout seuls, même si notre garçon ne demandait pas formellement du soutien.
C'est pour ça que malgré l'heure (minuit), MarIe a téléphoné à Nathalie pour lui demander si son mari et elle avaient l'intention d'aller au CHU. Et comme les Vermot étaient aussi inquiets que nous, on a convenu de prendre Nathalie avec nous pour laisser Pierre-Denis finir de soigner tranquillement avant de nous rejoindre.
Grégoire ne nous attendait visiblement pas, mais il a semblé soulagé de nous voir... Que ces quelques jours ont dû être terribles pour lui, qui a dû tout prendre sur ses épaules, voir sa femme et son fils souffrir sans rien pouvoir faire pour les soulager ! Et que dire de l'angoisse du diagnostique, les heures à se retourner dans son lit... sans personne à qui se confier.
Il était sur la réserve, et ne tenait que par la volonté de se montrer fort pour sa famille... Mais il n'a opposé aucune résistance quand sa mère lui a ordonné de retourner au lit.
Pendant que Nathalie allait soutenir sa fille, MarIe et moi on s'est occupés de requinquer notre grand garçon. Comme sa femme, il avait surtout besoin de repos, et de pouvoir se confier, vider son sac de toutes les angoisses, de tous ses soucis, de ses chagrins qui s'accumulaient depuis trop longtemps... Et il avait aussi besoin d'un bon repas tranquille, pris à table en compagnie de ceux pour qui il compte vraiment.
Ces quelques heures de prise en charge ont eu l'air de lui faire du bien. Assez pour qu'il retrouve le sourire au moment d'aller retrouver sa femme et son fils.
Entre-temps Pierre-Denis avait retrouvé sa famille, et les Vermot avaient pu se rassurer, en voyant Alicia en relativement bonne forme, avec un moral retrouvé. Les bons soins des infirmières, et sa première nuit de sommeil ininterrompu depuis bien des jours, ont rendu à notre belle-fille son espoir et son optimisme.
Ils sont tellement mignons, Grégoire et Alicia... plus que de l'amour, c'est une énorme tendresse qui les unit, quand ils se penchent sur le berceau de leur petit bout...
Les infirmière ont un peu grincé des dents, quand ils ont vu débarquer les 4 grands-parents de Karim. Même s'il n'est plus aux soins intensifs, il est quand même encore fragile, et a besoin de soins. Mais à force de persuasion, on a eu le droit de passer l'un après l'autre pour l'embrasser.
Bien sûr, l'énorme pansement dans son dos est impressionnant, tout comme la forme de ses petits pieds, surtout qu'il était couché sur le ventre, avec juste un lange... Mais le haut de son corps... !
C'est moi qui vous le dit, cet enfant est vraiment magnifique ! Je ne suis pas doué pour les descriptions, mais c'est certain qu'il n'a rien à envier à sa cousine. En tous cas, il a totalement conquis sa grand-mère, qui a versé sa larme quand il a serré son doigt.
Notre visite n'a pas été longue, et on a laissé Karim seul avec ses parents, alors que l'infirmière le posait sur le torse de sa mère...
Les Vermot sont rentrés pour traire, et MarIe et moi avons fait une sorte de pêlerinage là où j'ai été opéré pour la première fois... avant de retrouver Grégoire au restaurant pour partager un repas de réveillon tranquille...
Ce qui fait qu'on est rentrés à la maison juste à temps pour embrasser Rudy et Suzanne, et trinquer à la nouvelle année...