La famille est en deuil...(Alicia)

La nouvelle est tombée cette nuit. Sam venait juste de se glisser dans son lit quand Huggy a appelé pour faire son traditionnel rapport hebdomadaire de sa visite dominicale au ranch. Et depuis, la tristesse s'est abattue sur la Croix-Bleue.

Il était 2 heures 20 quand Ibrahim a trouvé la force (et la voix) de nous prévenir. Mon pauvre mari. Ca lui a fait un tel choc. Il est resté je ne sais pas combien de temps assis sur le bord du lit, le téléphone dans les mains, le regard fixé droit devant lui. 

Le voir comme ça m'a brisé le coeur, surtout qu'il ne semblait pas m'entendre lui demander ce qu'il y avait de si grave, et encore moins me voir essayer de le faire réagir.

C'est quand Karim a pleuré (c'est fou ce petit, c'est un radar à émotions, il réagit à la plus petite contrariété de l'un de nous) que Greg a bougé, et qu'il a annoncé d'une voix blanche...

*C'est Davy... Il ne reviendra pas...*

Le temps que je réalise vraiment ce que cette phrase impliquait, il s'était déjà habillé, et enfilait Karim dans son nid d'ange, pour aller partager sa douleur avec la famille.

Une chape de plomb s'était abattue sur la Croix-Bleue. Tout le monde était déjà attablé à la salle à manger, et les discussions étaient rares, faites à voix basses, chacun essayant de soutenir les autres par-dessus son chagrin.

Ils n'en menaient vraiment pas large, mais savaient une chose : ils allaient tous partir au ranch. Même si plus rien ne pouvait être fait pour Davy, ils voulaient être auprès des autres...

Et ils sont partis. Tous. De Daniel à Oscar, ils ont pris l'avion dès que Steve et Jeff ont eu préparé le plan de vol, et que les valises ont été prêtes.

Le débat a été animé pour savoir si on emmenait nos petits bouts. La majorité aurait voulu se retrouver au ranch avec la famille au complet. Mais Caro et moi, aidées de MarIe et Marianne, ainsi que Suzanne et Rudy, on a tenu bon pour préserver nos bébés de l'atmosphère étouffante de ces jours de deuil...

Alors d'un commun accord, je suis restée avec Anaïs et Karim, après que Caro m'ait promis de prendre soin de mon tendre mari.

Pauvre Anaïs, elle a été un peu chamboulée toute la journée... Comme notre fils, elle a senti que ses parents étaient tristes, quand ils sont allés la réveiller. Abel a bien essayé de lui expliquer que pendant quelques jours elle serait en vacances chez moi, elle a passé une bonne partie de la journée derrière la porte à appeler *Maman* à chaque bruit dans l'escalier. Et pourtant, elle a l'habitude d'être chez nous, elle y a son lit et ses jouets, et semble s'y plaire,,,

Enfin bref. De mon côté, je gère les deux bouts de chou, avec l'aide de Rudy et Suzanne qui ont gravi les trois étages pour nous apporter un bon souper préparé par leur cuisinière.

Une fois les petits au lit, on s'est assis au salon en attendant que Grégoire téléphone pour annoncer leur arrivée sans encombre à Los Angeles, et nous donner des nouvelles du moral des autres. Evidemment, ce n'est pas brillant, mais ils ont hâte de passer la forêt pour se retrouver en famille, et apprendre de vive voix (et pas par l'intermédiaire d'Huggy) ce qui a amené Davy à aller risquer sa vie une fois de trop.