La belle euphorie est retombée... (Grégoire)

Il fallait s'y attendre, un jour ou l'autre Alicia devait bien ressentir le contrecoup de tout ce qu'elle a enduré courageusement depuis le 29 août.

Tant qu'elle était enceinte, ça allait. Elle avait quelque chose à quoi se raccrocher. Chaque coup de pied lui donnait une raison de garder le moral... pour Karim, elle devait rester positive...

Mais maintenant, elle n'a plus rien. Rien que la douleur de la césarienne. Rien que les couloirs interminables qui la séparent de notre enfant... 

Etrangement, c'est cet après-midi, quand l'infirmière a posé Karim contre son torse, qu'elle a craqué. Surtout qu'avant, nous avions passé une bonne heure dans le bureau du toubib, qui nous a dressé -avec son tact habituel- le premier bilan de santé de notre fils.

En gros, il y a du bon et du moins bon, des choses qui l'inquiètent et d'autre dont il a l'air de se moquer... et évidemment, c'est ce qui nous préoccupe le plus qui semble avoir le moins d'importance.

Alors allons-y, dans l'ordre dans lequel on nous a présenté la chose :

Hydrocéphalie : les nouvelles continuent d'être rassurantes. La grande question était de savoir si en fermant sa colonne, notre fils réussirait à assimiler le LCR au fur et à mesure... et pour l'instant, la réponse est oui. Son périmètre crânien a bien augmenté d'un petit cm, mais il reste dans la moyenne...

La lésion : elle est située entre les vertèbres L5 et S1, mais cela ne veut pas dire grand-chose... Pour ce qui est de la cicatrice, même si pour le moment elle a l'air de lui tenir la moitié du dos, au moins elle est droite. 

La vessie : c'est trop tôt pour se prononcer. Pour le moment, ils lui ont posé une sonde. Dès qu'il pourra être couché sur le dos, ils vont lui faire un examen approfondi...

Les hanches : là aussi, bonne nouvelle. Il n'a pas de signe de dysplasie. 

Les jambes : évidemment que c'est notre grande inquiétude. L'angoisse est de savoir s'il marchera et si oui, comment... Aux premiers examens, mais ça peut encore changer ce n'est que deux jours après l'opération, il n'a pas de mouvement dans les pieds ni le bas des jambes. Par contre, il semblerait qu'il ait les quadriceps actifs... Quant à la sensibilité, c'est difficile de savoir exactement où il en est.

Les pieds : voilà de tout notre petit bonhomme, ce qui nous frappe le plus. Quand le gyné nous a annoncé que notre Karim aurait des problèmes, il avait commencé *en douceur* par nous dire qu'il avait un pied bot. Et c'est vrai que son peton droit est déformé. Il a une forme bizarre, comme s'il était collé à son tibia. Le gauche est aussi touché, mais moins gravement... enfin, je dis gravement, mais d'après le toubib on peut se réjouir, quelques mois de physio et d'attelles, et il n'y paraîtra plus rien... 

Alors voilà tout ce qu'on sait du point de vue médical. Mais il n'y a pas que cet aspect-là dans notre fils.

Ce qu'Alicia et moi on voit, c'est surtout un petit garçon solide, adorable. Une touffe de cheveux noirs fournis, un fin duvet qui recouvre son petit corps (euh pas si fin que ça, quand on passe le doigt sur son front, ça laisse une trace)... C'est des petites oreilles minuscules, bien ourlées, un petit nez à croquer... des mains larges aux doigts fins... et une voix puissante qui fend le coeur quand il pleure de douleur.

Il a seulement 3 jours... et déjà il est sorti des soins intensifs. Il respire tout seul, et depuis ce matin 11h00, il est au biberon d'eau sucrée, en attendant qu'Alicia ait une montée de lait...

C'était d'ailleurs quand ils ont voulu le mettre au sein, que ma pauvre chérie a craqué. Trop de tension, trop d'angoisse... et le bonheur d'avoir son bébé contre son coeur... Elle s'est mise à trembler, et à pleurer bruyamment sans qu'on puisse rien faire pour la calmer.

Pour finir, je l'ai ramenée à sa chambre, où une infirmière est venue lui faire une piqûre de tranquillisant. Tout ce dont elle a besoin paraît-il, c'est de repos et de beaucoup d'amour. 

Pour le repos, on ne peut rien faire, mais pour l'affection, mon Karim et moi, on va lui en donner ! Tellement qu'elle criera grâce et qu'elle ne saura plus qu'en faire ! 

Parce que s'il y a quelque chose dont tu peux être sûre, c'est que nous, tes hommes, on t'aime ma chérie !!!