Ça, c'est trop injuste ! Depuis que le blog a été créé, j'ai passé mon temps à peaufiner mon article. J'étais impatiente de pouvoir me présenter, parler de ce que signifie le fait d'être l'avant-dernière née de la tribu Davy Stern Crockett...
Et maintenant que je suis devant mon clavier, eh bien je ne sais plus ce que je voulais dire. Tout paraît si futile dans ma vie, il ne se passe jamais rien.
C'est vrai ça, ce n'est pas une vie de se lever à l'aurore, de se coucher avec les poules, et de travailler toute la journée. Ce n'est pas juste, Jessica peut faire ce qu'elle veut, elle peut traîner avec ses amies, écouter de la musique quand elle veut et même faire du vélo ! Alors que moi, je dois faire la lessive, récurer le plancher et coudre ma nouvelle jupe pour cet été...
Des jours, j'ai l'impression de m'être trompée de siècle. Je suis sûre que mes parents ont dû me concevoir à la Croix-Bleue. Je suis née pour être là-bas. Pour mettre des pantalons et des chemisettes sans manche, pour plonger dans la piscine, et pour manger des glaces quand on veut, et pour utiliser des mouchoirs en papier.
Roberto a beau me dire que c'est pas si bien que ça, qu'il y a de nombreux désaventages à vivre au XXe siècle, je suis sûre qu'il dit ça parce que papa lui a demandé de me dissuader d'aller passer une année avec les hommes, quand j'aurai 16 ans. Mais ça ne prend pas. Maman m'a promis que je pourrai partir avec eux, et j'ai bien l'intention de le faire. En plus, Matilda sera assez grande pour faire mes corvées.
Et il ne faut pas croire, je ne vais pas faire comme Bob, moi je vais y aller ! Et je vais profiter à fond de la télévision, de la voiture, et de faire enfin la lessive à la machine.
Mais en attendant, il faut que j'aille ouvrir aux poules, sinon Mme Crockett mère va me passer un savon.