Elle est trop trop belle ma fille... et j'aime sa Maman ! (Abel)

Non, ça ne doit pas être possible d'être plus heureux que moi ce soir ! Une petite fille ! 10 ans après mon grand garçon, j'ai droit au choix du roi !

Et en plus, tout s'est passé comme dans un rêve.

Il n'y a pas de mots pour dire combien je suis fier de ma femme !

Après avoir passé son lundi de congé à faire les affonts dans notre appart, elle s'est levée pour aller travailler hier matin comme tous les jours. Elle avait bien quelques petites contractions, mais ça lui arrivait souvent, et ce n'était jamais bien sérieux.

Mais à 11 heures, elle m'a appelé tout calmement, pour me dire qu'il y avait bien des chances pour que ma pause de midi se passe au bord du lac.

M'zelle Perdrizat ne doit pas avoir compris grand chose à ce qui s'est passé. J'étais en train de lui rouler tranquillement sa permanente en lui parlant de la ressemblance entre les filles d'Andrew d'Angleterre et les demi-soeurs de Cendrillon au mariage de William, et tout d'un coup, j'appelle Neveen, je lui plante le peigne et un bigoudi dans les mains... et au revoir la compagnie !

Enfin bref, quand je suis arrivé à la maison, Caro était déjà là, en train de préparer son sac. Elle était si calme... alors que j'étais tellement énervé que j'avais pas réussi à fermer le cadenas de mon vélo.

Mais elle non. Elle s'arrêtait de temps en temps pour souffler pendant les contractions, mais elle a pris le temps de mettre les draps dans le berceau, de sortir le matelas à langer de son plastique, et même de glisser un petit cadeau sous l'oreiller de Jessy et de Dany, avant d'enfin être prête à partir.

Tout ça pour arriver à la mat à 13 heure. La sage-femme était pas très motivée pour travailler tout de suite. Après un examen, elle nous a envoyés boire un café ailleurs, en nous recommandant même d'aller marcher un peu.

C'est ce qu'on a essayé de faire. Mais au moment où Caro remettait son pantalon, elle a perdu les eaux. Alors elle a eu droit à une belle chemise de nuit toute fleurie, et un lavement, avant de passer au lit, avec monitoring et tout le tralala.

Et on a attendu... attendu... 

Je vais vous dire, il n'y a rien de plus frustrant que d'être là comme un con, à regarder souffrir celle qu'on aime sans rien pouvoir faire pour l'aider. Mais ma Caro a été hyper courageuse ! Pas une plainte, pas un cri. Rien. Elle a serré les dents, broyé ma main, et refusé catégoriquement une péridurale.

La dernière phase a été hyper rapide. Trois ou quatre poussées, et on voyait la petite touffe de cheveux noirs se pointer. Encore deux coups, et ça y était... à 17h09 notre petite était brandie triomphalement par la sage-femme !

Est-ce qu'il y a quelqu'un par là qui oserait prétendre que les premiers cris d'un nouveau-né ne sont pas les bruits les plus émouvants qui soient ? En tous cas moi, ça m'a fait comme pour Daniel, j'ai coupé le cordon dans un état second, en essayant de ne pas chialer de bonheur.

Après ? Eh ben après, je suis monté sur mon nuage. La nurse a posé Anaïs sur le ventre de Caro, et on a eu droit à quelques minutes d'intimité. On a fait connaissance, on s'est embrassés, on a vérifié qu'elle était vraiment parfaite, qu'il ne manquait rien... et beaucoup trop vite, on m'a demandé si je voulais la baigner.

J'avais cru avoir perdu la main. Mais non, les gestes sont revenus, machinaux... Et toutes les séances de parlotte le soir ont été utiles. Il a suffi que je lui parle, que je l'appelle par son si joli prénom, pour qu'elle se taise...

Anaïs Colombe, c'est pas un joli prénom peut-être ? Mais c'est le plus beau qui soit. Comme notre fille est la plus belle ! Si menue, avec déjà de longs cheveux noirs. Elle est un peu bouffie, mais il semble qu'elle ait hérité de mes yeux... et le bas de son visage est droit celui de sa mère. Elle a une petite fossette sur la joue droite...

J'en suis déjà fou !

Merci ma Caro. Tu as fait de moi l'homme le plus heureux de la terre ! Et je t'aime !