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Bienvenue à la Croix-Bleue !

Sur le petit écran, nous étions des héros sans peur et sans reproches, des aventuriers dotés d'aptitudes extraordinaires... C'était cela l'important pour le public, la raison pour laquelle il nous admirait. Mais hors des projecteurs, nous étions simplement des hommes... avec nos fêlures, notre besoin d'une une vie *normale*, notre envie de fonder une famille. Tout -et plus encore- ce que nous a apporté la *Croix-Bleue*, et qu'on aimerait partager avec vous.

Déjà 20 ans qu'Alain n'est plus là.

Publié le 15 Décembre 2009 par Starsky in Amis

Ouf, ça y est, on est rentrés ! Tu trouves pas, Oscar, que c'est à des occasions pareilles qu'on se rend compte à quel point on devient vieux ? Je suis vanné, et pourtant on n'a fait que du train ou du métro.

Oui, nous avons fait l'allée-retour à Paris en une journée, juste pour aller poser une chrysanthème et une bougie sur la tombe de notre ami, et aussi pour aller dire bonjour à Roger.

Ce voyage peut paraître futile à certains, mais pour nous il était important. Nous devions aller nous recueillir devant la dernière demeure de notre ami, et lui dire que nous ne l'avons pas oublié, qu'il est toujours dans nos pensées après ces 20 ans.

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Nos grand-mères ont raison de dire qu'un mal attire toujours un bien. Si je ne m'étais pas cassé le pied en déneigeant le balcon (tiens, Jeff n'a rien inventé cette année), je n'aurais jamais atterri dans cette chambre d'hôpital. Et je n'aurais pas fait la connaissance d'Alain.

Comme dans toute sa vie, il n'avait pas eu de chance. Arrivé dans la région pour rencontrer un frère qu'il ne connaissait pas, il s'était fait faucher au haut du Reymond par une bagnole qui ne s'est même pas arrêtée. Enfin bref, quand j'ai été opéré de ma fracture, il allait bien, mais comme il n'avait personne pour l'héberger, ni ici ni ailleurs, et qu'il n'avait pas de fric, il devait rester à l'hostio jusqu'à son rétablissement complet.

Les deux petits ont engagé la conversation avec lui, et ça a collé immédiatement. Et comme il était sympa, et qu'un lit d'hôpital n'est pas le plus confortable, on a proposé de le prendre chez nous. Il y est resté quoi ? Un mois, avant de retourner à Paris où il avait son père et sa belle-mère avec lesquels il avait une relation plus que compliquée.

MarIe et Ibrahim l'ont retrouvé lors de leur voyage de noces, et tout semblait rouler pour lui. On l'avait invité pour les 10 ans de l'équipe, et c'est là que son père nous a annoncé qu'il avait contracté le SIDA en vivant quelques mois dans la rue, après être parti de chez nous.

Lorsque, au début décembre, on a appris qu'il allait vraiment mal, MarIe a fait des pieds et des mains pour décider son mari à aller lui rendre visite. On les a laissé aller les deux, puis quand Ibrahim nous a contactés pour dire qu'il n'en avait plus pour longtemps, on a débarqué.

On était tous là, même ceux du ranch qui étaient resté depuis août. Et les enfants ont fait leur poésie, leurs saynettes, leurs chants devant Alain, Roger et leur père. Le lendemain on est allé au zoo, et en rentrant, Alain a dit adieu...

C'était il y a 20 ans. Et le souvenir de son sourire douloureux, de son émotion après les câlins des petits, de cette lueur reconnaissante dans ses yeux, nous permet de croire qu'une journée au moins il aura été heureux. Et surtout d'espérer que là-haut, il est en paix, délivré de toutes ses souffrances... Et qu'il regarde avec amusement la brosse à dents rose à étoiles vertes confectionnée par Michèle, et que je lui avais donnée mais qu'il n'avait jamais utilisée.
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