C'est au cours d'une réunion de neurologues à New York qu'un de ses amis, éminent spécialiste exerçant en Suisse, lui a parlé d'un de ses patients.
Ibrahim , un jeune Libanais de 15 ans, avait eu le poumon perforé et le plexus brachial gauche déchiqueté par un éclat d'obus lors de la chute du camp palestinien de Tall el Zaatar. Grâce à la *fraternité des hommes*, concrétisée par l'action de Noël d'un hebdomadaire, une ONG avait pu organiser le séjour en Suisse du garçon afin de permettre une opération destinée à lui rendre l'usage de son bras.
Malheureusement, malgré des résultats encourageants, le médecin déplorait le fait que son intervention n'ait pas atteint totalement son but. Connaissant les travaux de Rudy concernant le système nerveux, le chirurgien lui a proposé d'examiner l'adolescent.
Intéressé par le défi médical, Rudy a pris ses dispositions pour être présent lors du contrôle suivant. Et c'est ainsi, après avoir pris des heures à convaincre Ibrahim de subir une énième opération de plus sans réel promesse d'améliorer la mobilité de son bras, et avoir obtenu l'accord de ses parents, il l'a emmené au Colorado, pour l'installer dans la même chambre que Steve avait occupée lors de sa rééducation.
Malgré l'angoisse de l'épreuve, malgré l'absence de sa famille, le garçon a supporté bravement l'interminable intervention, et la douleur qui en est résulté, jusqu'à ce que les premiers signes de guérison se manifestent. Jour après jour, semaine après semaine, les nerfs et les muscles de son bras ont retrouvé vie grâce aux doigts experts du chirurgien.
Son rétablissement était presque complet, et il était de plus en plus question de le laisser rentrer chez lui, lorsque Steve a appelé Oscar pour lui annoncer son retour au ranch.
La fin du voyage du patient le plus important de Rudy a donné a celui-ci l'envie d'enfin découvrir cet endroit dont Oscar lui avait parlé avec enthousiasme. Prenant prétexte d'un *accroc* à réparer urgeamment, il a pris ses dispositions pour accompagner le chef de l'OSI. Mais, au moment de confier son petit protégé à ses assistants, il n'a pas pu résister à son regard implorant et infiniment triste. Le garçon avait le mal du pays, il s'ennuyait dans cette clinique éloignée de tout, et surtout, il était marqué par les presque 4 ans de guerre qui avait bercé son adolescence...
Persuadé que le grand air, le calme, l'absence de stress et de blouse blanche ne pouvait être que bénéfique pour lui redonner des forces et effacer la pâleur dûe à sa longue hospitalisation, Rudy n'a pas hésité longtemps à préparer la valise d'Ibrahim, et à lui réserver une place dans l'avion en partance pour Los Angeles.