La semaine a été pénible pour tout le monde.
Là-bas au ranch, toute l'équipe a vécu les moments les plus difficiles qu'ils aient connus depuis 15 ans et la tragédie qui a emporté la famille de Wata...
C'est étonnant... Quand j'ai annoncé à toute la famille, et à nos amis, pourquoi tout le monde était parti aussi précipitamment, la première question qu'on m'a posée (pas toujours du ton le plus amical) était pourquoi personne n'avait dit à Davy de ne surtout pas aller au Texas.
Et c'est vrai que n'importe quel livre d'histoire des Etats-Unis a un chapitre consacré à Fort Alamo, et au destin de ses défenseurs. Il aurait été si facile d'interdire à Davy de se porter volontaire...
Mais aurait-il écouté les paroles de prudence de ses amis ? Lui, qui avouait lui-même ne pas vouloir connaître le jour et l'heure, et qui demandait uniquement que ce moment arrive vite, n'était pas homme à reculer face au danger.
Que ces arguments sont de piètre consolation face au vide et à l'absence ! Et ce n'est pas un semblant de cérémonie dans le petit *Jardin du Souvenir* déjà trop rempli qui allait remonter le moral de tous ! Surtout que le rosier à peine planté, Rip et Diégo ont annoncé qu'ils avaient décidé d'aller sur place pour s'assurer que notre ami avait été traité décemment, et ceux de la Croix-Bleue ont préparé leurs valises.
Et pendant ce temps, l'ambiance n'a pas été plus drôle ici. J'admire les parents de jumeaux. Comment font-ils pour jongler entre le ménage et les besoins de deux petits bouts d'un an ?
Heureusement, Jessica (qui n'a pas fait le voyage en arguant qu'elle n'était pas vraiment de la famille) en a vite eu marre d'être toute seule dans son grand appartement, et elle a demandé si elle pouvait aussi venir chez nous. Sa présence a un peu rassuré Anaïs. La pauvre, elle a eu tellement l'ennui de ses parents ! Qu'est-ce qu'elle en a passé des heures à pleurer, quand ce n'était pas à refuser carrément que je m'occupe d'elle !
Les deux premières nuits ont été agitées, jusqu'à ce que Jessy prenne sa soeur dans son lit... Ça n'a pas résolu le problème de la journée, mais au moins la petite a eu quelques heures de sommeil...
Et bien sûr, Karim n'a pas été en reste. Les pleurs de sa cousine l'ont motivé à y aller aussi de ses protestations. Jamais il n'a été aussi désagréable et réticent à *travailler* ses exercices.
Mais bon. Tout cela s'est calmé. Anaïs a boudé quelques minutes quand Abel, Caro et Dany sont descendus de l'avion. Elle a commencé par refuser d'aller dans les bras de sa mère, et s'est cramponnée au cou de sa soeur. Mais pour finir, Caro a réussi à trouver les gestes et les mots pour la calmer, et la petite s'est blottie contre elle. C'est incroyable, à peine cinq minutes plus tard, elle dormait du sommeil du juste, la tête sur l'épaule de son père, son petit bras passé autour de sa nuque.
Karim aussi a retrouvé son père avec un plaisir immense (cependant pas autant que le mien ). ..
Voilà. Tout le monde est rentré. Pour une fois, chacun est reparti chez soi sans partager le souper à la Croix-Bleue. Le coeur n'y était pas, et l'appétit encore moins.