Ete 1805... Selon la tradition, les habitants de la Croix-Bleue ont fait le voyage pour retrouver le reste de l'équipe au ranch. Et selon la tradition, le 4 juillet a vu tout le monde se rendre au XXe pour célébrer la fête nationale... alors que le 1er août, le panier pic-nic sous le bras, ils sont allés dans un village voisin composé à majorité d'émigrants suisses, pour participer à la fête locale.
N'étant pas menottés les uns aux autres, les hommes se sont dispersés dans la place de fête, alors que Louise et MarIe, escortées de Tom, Ibrahim et Yvan, se chargeaient de faire découvrir les différentes activités à Abel et Roberto aux anges.
Comme toutes les années, les concours divers (cuisine pour les dames, courses entre père-fils et mère-fille, jeux pour les enfants...) se sont terminés par celui de tir auquel tous les hommes se sont inscrits.
Mais pour la première fois, Davy n'a pas réussi à toucher la cible. Lui qui pouvait éteindre une bougie à 40 pas sans la pulvériser, s'est montré totalement inapte à tenir son fusil. Aussitôt, Louise et MarIe ont craint le pire, et présagé un coup du clan de l'Aigle, qui aurait empoisonné d'une façon ou d'une autre le jeune homme. Jamais elles ne l'avaient vu ainsi, le regard vague, un sourire benêt sur le visage, les mains tremblantes... Même sa diction semblait altérée...
Ce n'est qu'au cours de la rentrée, alors qu'il chevauchait à côté du charriot, Roberto devant lui, qu'il a déclaré le plus naturellement du monde qu'il avait trouvé sa femme.
Pressé de questions par tous les hommes attirés par les exclamations de joie de Louise, obligé de faire par le menu le récit de sa rencontre avec la jeune Marie Finley et d'en dresser le portrait, Davy a vite regretté sa remarque, tout comme il a retrouvé toutes ses facultés. Mais son amour tout neuf n'a pas fléchi sous les plaisanteries de hommes parfois un peu jaloux de sa chance. Le lendemain, il est retourné au village, où Polly, toute aussi émue, l'attendait à l'endroit de leur rencontre.
A peine un mois plus tard, après le départ de ceux de la Croix-Bleue, Davy et Harry ont délaissé le travail du ranch pour commencer à abattre les arbres nécessaires à la construction d'une petite maison destinée à abriter le bonheur de Davy et Polly, seule exigence du père de la future mariée, peu désireux de laisser sa fille habiter en compagnie de célibataires dont la réputation de séducteur n'était plus à prouver.