40 : Le plus adorable cadeau du Ciel

Bien que Tom ait pris l'habitude de passer la frontière deux fois par semaine pour donner des nouvelles par l'intermédiaire des montres, l'équipe a attendu avec impatience les vacances de Noël pour à nouveau être réunie au ranch.

Pour la seconde année, le réveillon a regroupé tout le monde dans la cour, autour d'une pièce de gibier abattue par Wata et Davy, avant un déplacement en force à l'église la plus proche pour assister au sermon de minuit. La température clémente, la paix et le bonheur d'être ensemble ont alors décidé les hommes à autoriser les plus jeunes à rester auprès d'eux pour terminer la soirée autour du feu, à simplement profiter de l'instant présent.

Après une nuit blanche (la première pour MarIe), la fête a recommencé de plus belle, en compagnie de Victoria Barclay et de ses enfants, et de Don Alejandro escorté d'un Bernardo heureux de retrouver Diégo.

C'est le soir, après le départ des derniers invités, que le Ciel a amené le deuxième rayon de soleil de la maison. Dans l'obscurité naissante, Jeff a aperçu un tout petit bonhomme, vêtu du haillons, les pieds nus et le visage couvert de crasse, qui s'approchait en pleurant. Aussitôt, le coeur serré par la détresse de ce tout jeune enfant à peine plus grand qu'Abel, les hommes ont demandé à MarIe de l'apprivoiser, pendant qu'ils allaient explorer les alentours pour essayer de lui trouver une famille.

A quelques centaines de mètres du ranch, Steve a découvert une femme inconsciente, toute aussi misérable que son enfant. Avec mille précautions, il l'a alors transportée jusqu'à un lit réservé aux malades, où Louise a déployé tout son savoir pour la réveiller.

Pendant que MarIe donnait un aspect humain à son petit ange tombé du ciel, la mère a repris ses esprits, pour expliquer qu'elle marchait depuis des jours sans rien manger, rejetée partout où elle avait tenté de mendier un bout de pain pour son petit.

Sans hésitation, les hommes lui ont proposé l'hospitalité aussi longtemps qu'elle le voudrait, jusqu'à ce qu'elle ait retrouvé assez de forces pour poursuivre sa route.

Trois jours plus tard, alors que les préparatifs pour accueillir dignement la nouvelle année avançaient à grand train, la femme s'est confiée à Diégo. En pleurant, elle a annoncé qu'elle allait s'en aller, et laisser son enfant aux bons soins de la maison.

Voyant son incompréhension et sa révolte, devant ce projet d'abandon, elle a alors expliqué que le petit n'était pas le sien. Elle l'avait pris en charge à la mort de sa mère, une collègue de travail dans un saloon, en lui promettant de le confier à son père. Mais le jeune homme était tombé sous les balles d'un cow boy ombrageux, et elle s'était retrouvée avec ce gosse dont elle ne savait que faire.

Comme Louise lui avait raconté combien Abel avait éclairé la famille, et devant les lien fraternels que les deux petits avaient noués dès leur rencontre, la femme avait décrété que nulle part ailleurs le petit ne serait mieux accueilli.

Aussi, malgré les protestations et les remarques acides, les reproches et l'incompréhension de tous ceux qui n'avaient jamais eu de vrais parents, elle s'en alla au milieu de la nuit, le 29 décembre 1803, sans même un dernier bisou à ce petit qu'elle avait soigné durant 1 an et demi.

C'est ainsi que Roberto, que le destin avait fait naître le même jour qu'Abel soit le 4 juillet 1802, est venu illuminer et consolider l'équipe.