Bien sûr, quand on n'est pas directement concerné ça paraît une formalité. Qu'est-ce qu'il y a de plus simple que de commander un fauteuil roulant pour son enfant, quand on a les conseils avisés d'un orthopédiste, d'une physiothérapeute et l'expérience de nombreux parents ?
Et ben vous pouvez me croire, il n'y a rien de plus pénible ! Ce n'est pas une question de choix, même si le catalogue a plus de modèles différents qu'une marque d'automobiles. Non. C'est moralement que c'est difficile.
Jusqu'à présent, on pouvait se promener dans la rue avec Karim dans le pousse-pousse sans que personne ne remarque qu'il est différent. Dans les allées du *Bois du P'tit*, rien ne nous distingue des autres famille... Si les gens se retournent sur notre passage, c'est pour les grands yeux, les jolies boucles foncées et le bagout de notre petit empereur (qui parle comme un livre).
C'en sera fini des sourires attendris et des félicitations spontanées, quand on poussera un fauteuil roulant. On aura droit aux regards gênés et apitoyés, ou pire, insistants... les murmures dans notre dos vont se déchaîner... et on ne parle pas des questions indiscrètes...
Et ça, vous pouvez nous croire, ça fait mal ! Ce ne sont pas seulement des suppositions, on SAIT que ça va se passer, parce que Greg et moi, on l'a déjà expérimenté un jour, en prenant le verticalisateur pour faire les courses un samedi.
C'est un travail qu'on doit faire. Un deuil de plus par lequel il faudra passer pour offrir à notre fils toute l'autonomie possible. Peut-être un jour on réussira à ne plus y faire attention...
Pour le moment, on profite de l'anonymat du pousse-pousse, et on se réjoui de voir notre petit marcher de mieux en mieux avec ses orthèses et son déambulateur...